Le tendon : une “corde“ hautement spécialisée


Le tendon : une “corde” hautement spécialisée



Le tendon a pour fonction principale la transmission des mouvements entre les muscles et les os transduction des contraintes mécaniques du muscle à l’os. Pour ce faire, le tendon nécessite une importante élasticité (c’est-à-dire la capacité de retrouver intégralement un état de base après élongation) ainsi qu’une résistance aux étirements en situation physiologique. Le tendon doit également tenir informé l’organisme du travail qui lui est imposé. Enfin, il doit s’adapter dans le temps aux efforts et aux microtraumatismes qui lui sont infligés, particulièrement lors des activités sportives. Le tendon est ainsi apte à réagir aux sollicitations  mécaniques, voire traumatiques, dont il est l’objet, en modifiant certaines caractéristiques morphologiques ou métaboliques, l’hypertrophie progressive d’un tendon, du fait d’un exercice répété, a comme conséquence une amélioration proportionnelle de sa résistance à l’étirement.

Le tendon est formé de l’organisation de fibres élémentaires, réunies en faisceaux longitudinaux, séparés les uns des autres par des enveloppes renforcées formant l’ « endotendon». Le corps tendineux lui-même est recouvert par une enveloppe continue, ou « épitendon ». Certains tendons sont entourés d’une gaine synoviale, permettant de « glisser ». Chacune de ces parties anatomiques peuvent être le siège de modification lors d’une atteinte du tendon.

Les maladies des tendons ou tendinopathies
Les tendinopathies résultent d’une hyper sollicitation du complexe musculo-tendineux avec des microtraumatismes de surcharges répétés entraînant un processus dégénératif chronique. Le terme de tendinopathie, regroupe toutes les facettes des pathologies touchant les différentes parties du tendon. Il est actuellement préféré au terme de «tendinite».

Les causes de tendinopathies
De nombreuses causes peuvent fragiliser les tendons et à favoriser la survenue de dégâts, parfois irréversibles. Très fréquemment, ces causes s’ajoutent les unes aux autres, dont certaines peuvent être modifiables ou supprimés. L’identification de ces facteurs de risque est la première phase, du traitement des tendinopathies.

 

Le surmenage tendineux
elbow bones injuryTout comme pour le cartilage articulaire, on peut évoquer pour le tendon le principe du « ni trop, ni trop peu». Il est reconnu que l’exercice physique régulier améliore les propriétés des tendons sollicités. En revanche, la surcharge tendineuse, brutale ou répétée peut aboutir à des microlésions du tendon, parfois même jusqu’à la rupture tendineuse.

L’inaction et le vieillissement tendineux
Comme le reste de l’organisme, les tendons perdent progressivement en vieillissant leurs propriétés initiales d’élasticité et de résistance. Sauf en cas d’exercice physique maintenu de façon régulière. L’inaction des tendons peut également entraîner un effet délétère, en modifiant les propriétés du tendon.

Les autres sources de fragilisation tendineuse
Si les conditions anatomiques sont « anormales », comme par exemples des inégalités de longueurs, des déformations ou des déséquilibres musculaires,  on se trouve alors dans une situation de surmenage local, comme par exemple en cas de pied plat. La déshydratation, la chaleur excessive ou au contraire le froid important, exposent à un risque plus important de tendinopathie. Enfin certaines maladies comme le diabète, ou des traitements médicamenteux comme certains antibiotiques, peuvent également entrainer une tendinopathie.

Comment faire le diagnostique des tendinopathies ?
Le diagnostic de tendinopathie repose avant tout sur l’examen clinique. Il permet de préciser la localisation et les circonstances d’apparition de la pathologie. Cette tendinopathie se traduit par des douleurs d’intensité variable, essentiellement lors des activités physiques et lors de l’utilisation du tendon incriminé. Elles peuvent survenir en début, en fin ou parfois après l’activité physique. Elles peuvent parfois gêner lors des premiers pas le matin au réveil. La palpation du tendon douloureux et son étirement redéclenche la symptomatologie douloureuse.

L’apport de l’imagerie médicale est fondamentale, à la fois pour préciser le diagnostic, rechercher des complications, mais également pour guider la prise en charge thérapeutique. Des radiographies sont parfois réalisées pour ne pas méconnaitre une pathologie osseuse associée. L’échographie est fréquemment prescrite, elle permet de caractériser au mieux les différentes lésions tendineuses et ainsi de guider la prise en charge thérapeutique. Le scanner ou l’IRM complètent parfois le bilan d’imagerie, mais ne sont pas toujours nécessaire.

 

Un traitement à la carte
Le diagnostic précis de la tendinopathie permet de guider la prise en charge. En effet, comme nous l’avons vu, il existe une multitude de tendinopathies à la fois en termes de durée, de localisation, de causes et de structures anatomiques incriminées. Il existe donc plusieurs prises en charge à proposer aux patients souffrant de pathologie tendineuse, l’objectif étant de proposer un traitement à la carte, adapté à chaque patient.

Le traitement conventionnel des tendinopathies comporte classiquement l’emploi d’antalgiques usuels de façon empirique. Les anti-inflammatoires non stéroïdien peuvent avoir leur place dans l’arsenal thérapeutique, et sont à réserver en cas de composante inflammatoire objectivé. Ils peuvent être employés en forme oral ou en application locale. Un repos relatif initial est souvent indiqué, notamment lorsqu’il existe une hyper-sollicitation tendineuse.

La prise en charge rééducative par le kinésithérapeute est la pierre angulaire du traitement, et est toujours indiqué quelque soit la localisation de la tendinopathie. Il existe de nombreux protocoles de rééducation validés. On peut citer le protocole de STANISH pour les tendinopathie achilléenne, notamment, le renforcement excentrique, ou encore les massages transverses profonds. A cette prise en charge rééducative, il est nécessaire d’associer une correction des facteurs de risque modifiables, notamment en limitant les raideurs musculo-tendineuses grâce à des étirements réguliers. La cryothérapie locale ou générale a également toute sa place dans les phases inflammatoires de la tendinopathie. La correction de troubles morpho-statiques, par exemple en réalisant des orthèses plantaires. Il convient également de corriger les technopathies, ou les erreurs techniques.

Les ondes de choc radiales ou focales, on largement été validé, à la fois en terme d’efficacité et de tolérance. Elles favorisent la régénération tendineuse, elles ont également une action antalgique et permettent de lutter contre la fibrose. La thérapie laser basse énergie permet également une régénération tendineuse, elle a une action anti-inflammatoire et antalgique importante et est très bien toléré.

En cas d’efficacité insuffisante des thérapeutiques précédentes, des traitements infiltratifs par dérivés cortisonés (pour l’épicondylite latérale par exemple) permettant de traiter l’inflammation locale, de Plasma Riche en Plaquette (PRP) ou visco-supplémentation ayant une action pro-cicatrisante. La mésothérapie a également une action anti-inflammatoire pouvant être indiqué. On peut également citer de façon anecdotique les injections de toxine botulique pour les tendinopathies récalcitrantes.

Enfin, en cas d’échec du traitement médical bien conduit, le traitement chirurgical peut se discuter. Les indications, les bénéfices et les risques doivent être murement réfléchis avant d’envisager la prise en charge chirurgicale.

Dr Julien MICHAUD – IRMS²



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