Le syndrome de surentraînement


Le syndrome de surentraînement



Pour tous sportifs – et encore plus pour les compétiteurs – il s’agit d’un diagnostic synonyme de « saison noire », mais dont les causes et les conséquences sont souvent mal comprises.

Avant tout il convient de rappeler quelques points sur la structuration de l’entraînement. À travers la planification de l’entraînement et le principe de réitération de charges (nombre de séances hebdomadaires) le sportif et son entraîneur recherchent une augmentation du niveau physique par le biais d’une surcompensation. Pour ce faire, il convient de choisir judicieusement l’intensité et le moment de la réintroduction d’une nouvelle charge d’entrainement qui, associée à un temps de repos, donnera lieu à une amélioration des capacités du sportif.

Une des difficultés de la planification de l’entrainement réside dans le fait que cette récupération présente une grande variabilité inter-individuelle et pour un même sujet elle dépendra des différents stress auxquels il doit faire face à un moment donné.

Trouver le bon équilibre est donc primordial : « Ni trop peu d’entrainements pour éviter une stagnation du niveau physique, ni trop de charges pour éviter l’excès de fatigue. » Cet équilibre est d’autant plus difficile à trouver que dans la vie de chacun, aux stress (physiques et psychiques) liés à la pratique sportive s’ajoutent des stress directement liés aux activités socio-professionnelles. Les facteurs souvent décrits comme déclencheurs de la rupture de cette harmonie sont la privation de sommeil, des stress sociaux, familiaux ou professionnels, la prise de certains médicaments ou certaines vaccinations récentes, le déficit calorique induit par un régime alimentaire trop restrictif et l’électrothérapie intensive pour certains sportifs de haut niveau. Lorsque l’on s’éloigne de ce point d’équilibre, la récupération devient trop courte pour que l’organisme puisse faire face aux différentes sollicitations. S’installe alors une fatigue qui va se traduire par une baisse des performances.

Au stade initial cette fatigue est passagère et s’inscrit dans ce que l’on appelle le syndrome de dépassement. Pour juguler cette dernière, une interruption de la pratique sportive de 15 jours est nécessaire avant un retour à la normale des capacités du sportif. Ce premier signe d’alerte est souvent méconnu par le sportif et son entourage. Paradoxalement il fait souvent place à une augmentation de la charge entraînement pour contrebalancer la baisse (inexpliquée) des performances. C’est ainsi que s’installe le syndrome de surentraînement qui se définit par une fatigue chronique et se traduit par une baisse (inexpliquée) des performances pendant plus de 15 jours. S’y associent alors différents symptômes tels que des troubles du sommeil, une baisse de l’appétit, des épisodes infectieux récidivants, un amaigrissement, des mots de tête répétés, une majoration des allergies. En parallèle, les sportifs peuvent présenter des signes psychologiques tels que les troubles de l’humeur avec une irritabilité, une tristesse ou une dépression, ainsi que des troubles du comportement type perte de la motivation.

Quel traitement ? Une fois le diagnostic de surentraînement posé, le traitement repose de manière prépondérante sur l’interruption totale de toutes activités physiques durant plusieurs mois. Ce temps est variable selon la profondeur du syndrome de surentrainement. En général 2 à 3 mois suffisent, mais ce temps peut atteindre 18 mois. Il s’agit là d’un temps nécessaire et incompressible pour que l’organisme puisse refaire ses stocks énergétiques et palier aux modifications neuro-endocriniennes qui se sont installées durant les mois de surcharge d’entraînement. Pour un sportif, le syndrome de surentraînement rime avec « une année noire et des contre-performances à répétition ».

En conclusion, le syndrome de surentraînement est souvent méconnu par des sportifs. Il existe quelques signes d’alerte telle la baisse inexpliquée des performances qui doit faire recourir à une consultation médicale pour permettre un diagnostic précoce. Plus les signes seront négligés et occultés, plus le repos sera long.

Dr Mehdi ROUDESLI, Médecin du Sport IRMSH



© 2019 Institut Régional de Médecine du Sport et de la Santé - Tous droits réservés