Sport et études
Si le sport en compétition n’impose pas trop de contraintes chez les plus jeunes, l’exigence du Haut-niveau peut par la suite, à l’adolescence, nécessiter davantage d’aménagements logistiques afin de mener de front une carrière sportive épanouie et une formation scolaire de qualité. Focus sur les structures mises en place afin d’optimiser ces deux projets sportifs et professionnels.
Pour les 5-11 ans
Chez les plus jeunes, le rythme scolaire, notamment par le volume d’heures à l’école et la quantité de travail personnel à la maison, permet une pratique conséquente de son activité favorite qui, souvent, à cet âge, reste modérée en termes de nombre de séances par semaine. Attention à ne pas surcharger l’enfant par la pratique abondante de plusieurs activités physiques différentes qui, additionnées, peuvent mener à un état de fatigue, néfaste alors à la fois pour l’amélioration du niveau sportif mais surtout pour l’apprentissage scolaire. Néanmoins, une pratique quotidienne, si elle n’est pas réalisée dans un but de performance, est bénéfique à l’enfant : l’organisation mondiale de la santé recommande d’ailleurs chez l’enfant la pratique d’au moins une heure d’activité physique quotidienne dans le but d’améliorer sa santé.
Chez les 12-15 ans : le collège
C’est souvent une période ou le rythme s’intensifie, à la fois sur le plan scolaire et sur le plan sportif. Dans ce dernier domaine, on peut en effet commencer à augmenter les charges d’entrainement et à majorer le volume hebdomadaire. Le sport de compétition implique une nouvelle exigence dans l’entrainement. L’investissement sportif est souvent majoré chez les enfants ayant certaines prédispositions ou qualités, ou du moins de meilleurs résultats en compétitions, et donc de plus grandes ambitions. Il est alors parfois difficile du jongler avec l’ensemble de ces contraintes à la fois scolaires et sportives, entrainant des emplois du temps chargés, et souvent beaucoup de fatigue. Différents structures ont alors été mises en place afin de pouvoir exploiter pleinement ses ambitions sportives tout en préservant l’apprentissage scolaire. Ces différentes structures sont hiérarchisées en fonction de l’investissement dans le projet sportif lié souvent aux résultats sportifs.
Le premier échelon est celui des centres d’entrainement ou perfectionnement, souvent sous la houlette de clubs structurés (filières de formation de certains clubs professionnels par exemple). Le club met à disposition des moyens conséquents permettant au jeune de bénéficier d’un volume hebdomadaire d’entrainement important, avec des sportifs de son niveau. Coté études, le club met en place des partenariats avec un collège et un lycée afin de proposer des horaires aménagées au sportif. On peut citer par exemple, l’exemption des cours d’EPS, l’aménagement des horaires de cours en fonction des horaires d’entrainement, ou encore l’absence de cours le samedi matin afin de pouvoir participer facilement aux compétitions du week-end.
Pour les adolescents plus investis, on retrouve les pôles espoirs, véritables centres d’entrainement anciennement appelés « sport-études » où les jeunes résident la plupart du temps en internat. Ce lieu de résidence commun permet de concentrer en un même endroit les structures d’entrainement liées à la discipline principale mais également à la préparation physique générale (gymnase, piste d’athlétisme, salle de musculation…), les structures scolaires (collège ou lycée à proximité) mais également les structures de soins (médecin, kinésithérapeute, diététicienne, psychologue du sport…) et les lieux de vie (chambre, salle de restauration, salles d’études, salle de loisirs…), permettant alors d’augmenter la charge d’entrainement en optimisant l’emploi du temps. Attention, cette organisation ne signifie pas une « surexploitation » du jeune sportif. Comparativement à l’organisation proposée dans certains clubs, l’optimisation de l’emploi du temps constatée dans les pôles espoir peut aussi amener, à charge d’entrainement égale, à accorder davantage de temps aux études ou aux moments de détente, ou encore à diminuer la fatigue parfois engendrée par les multiples heures de transport effectuées par les jeunes sportifs compétiteurs pratiquant en clubs.
La pratique en « pôle espoir » est également encadrée par différentes obligations ministérielles assurant au jeune sportif un entourage de qualité. On peut citer notamment l’obligation d’un suivi médical régulier comportant au minimum deux bilans annuels avec évaluation nutritionnelle, évaluation psychologique, bilan de l’appareil locomoteur par un médecin du sport, analyse d’urine, et électrocardiogramme (une fois par an).
Chez les 16-18 ans : le lycée
A cet âge, il est toujours possible de pratiquer dans les deux structures précédemment décrites que sont les centres d’entrainement ou de perfectionnement, et les pôles espoir. D’autres structures appelées « pôles France » existent également et regroupent les meilleurs espoirs français de chaque discipline dans des centres nationaux. Ces centres sont organisés à l’image des pôles espoir mais il en existe que quelques uns en France, parfois un seul, ce qui peut obliger l’adolescent à partir loin du cocon familial pour continuer de progresser en s’entrainant avec des sportifs de son niveau.
Parallèlement à ces centres fédéraux, il existe dans certains sports très professionnalisés (principalement le football), des centres de formation construits à l’image des pôles espoirs ou pôles France, (c’està- dire en internat avec structure scolaire et centre d’entrainement à proximité, suivi médical…) mis en place par les clubs professionnels. Ces centres de formation constituent alors le vivier du club, débouchant pour certains des jeunes sportifs à des contrats professionnels dans ce même club ou dans un autre.
Et après le bac ?
Pour les sportifs désireux de poursuivre leur carrière sportive de haut niveau après le bac, différentes possibilités s’offrent à eux.
La première possibilité, à condition de pouvoir prétendre au statut de sportif de haut-niveau (demande de statut à effectuer auprès d’une commission au sein de la faculté), est de pouvoir aménager son cursus. Bon nombre de filières universitaires permettent la réalisation d’une licence en trois au lieu de deux années. Cet aménagement du cursus permet alors de libérer des heures hebdomadaires, allégeant l’emploi du temps au profit d’heures d’entrainement supplémentaires.
Le statut de sportif de Haut-niveau peut également faire bénéficier d’autres avantages. En effet, dans certains concours ou certaines filières, un nombre de places déterminé est alloué aux sportifs de Haut-niveau, leur permettant ainsi de prétendre à des études secondaires de qualité. Si ces avantages sont fixés par arrêtés ministériels, certains partenariats locaux entre des clubs et des écoles (ex : écoles de commerce) permettent également ce genre d’aménagements. Enfin, une fois les études terminées, se pose la question de l’avenir professionnel. Pour les sportifs les plus talentueux et investis dans leur discipline, qui malheureusement ne permet parfois pas de subvenir à leurs besoin (sportifs amateurs aux ambitions olympiques par exemple), des partenariats entre le ministère chargé des sports et différents organismes (éducation nationale, gendarmerie…) permettent d’embaucher les athlètes et de les mettre à disposition de la fédération sportive concernée, afin qu’ils puissent se consacrer pleinement à leur carrière sportive.
Ces partenariats permettent ainsi d’assurer un avenir professionnel à l’athlète au terme de sa carrière sportive. Dans le cadre des sportifs professionnels, certains accords locaux peuvent être passés entre le club employeur du joueur et ses partenaires financiers qui s’engagent à embaucher certains athlètes au terme de leur carrière sportive, leur assurant ainsi une reconversion.
Quelques remarques
Il faut nuancer les raccourcis qui associent l’investissement intensif sportif, a fortiori dans une structure « sport-études », à un sacrifice en termes d’études et d’avenir professionnel. L’intégration d’une structure fédérale peut permettre de mieux agencer l’emploi du temps du sportif afin de préserver du temps scolaire de qualité ainsi que des moments de détente, importants pendant l’adolescence.
Néanmoins, l’intégration d’un centre d’entrainement n’est pas non plus chose anodine. Il est primordial que le projet découle d’un choix de l’enfant (et non de parents plus ambitieux que ce dernier), et doit être soutenu par les parents. Ceux-ci doivent rester disponibles pour l’enfant, dans une période parfois difficile qu’est l’adolescence, renforcé parfois par l’éloignement géographique du cocon familial.
Enfin, il est important que l’enfant et ses parents restent tous trois vigilants au maintien d’un niveau scolaire satisfaisant (et d’une motivation persistante de l’enfant dans ce choix de vie). En effet, les différentes dispositions décrites ci-dessus après 18 ans impliquent l’obtention préalable du baccalauréat. Il faut également noter que peu de sportifs deviennent professionnels, et que la petite proportion qui y parvient doit aussi envisager de pouvoir s’assurer une reconversion au terme de sa carrière.
En conclusion, différentes structures d’entrainement sont mises en place en fonction de la tranche d’âge et du niveau de performance des enfants et adolescents. L’intégration de ces différentes structures peut parfois permettre de mieux agencer l’emploi du temps et de préserver davantage de temps scolaire. Le niveau scolaire ne doit en effet jamais être délaissé au profit du temps sportif, qui débouche rarement sur une carrière professionnelle. Après 18 ans, différents aménagements peuvent être proposés aux sportifs de haut-niveau afin de mener carrière sportive et études secondaires de front.
Jérémie BERTIN
Médecin du sport IRMSHN