L’“english flair“ du rugby rouennais


L’”english flair” du rugby rouennais



Ancien demi de mêlée professionnel et entraîneur depuis 20 ans, Richard Hill a choisi de coacher l’équipe rouennaise de rugby. Reconnu pour ses talents d’entraîneurs dans différents clubs anglais, rien n’arrête ce passionné de rugby, qui rêve d’un paysage ovale en Normandie. Il signe sa troisième année au sein de l’équipe de Rouen en pleine ascension.

Le rugby est considéré comme un sport de combat collectif, à votre avis pourquoi ?

Richard Hill : sans doute à cause des impacts violents et des nombreuses blessures que les rugbymen peuvent subir au cours

d’un match. Les entraînements physiques sont très intenses et les athlètes doivent beaucoup donner lors des entraînements et plus lors des matchs. Faire une saison sans blessures relève du miracle.

Quel est votre rôle en tant qu’entraîneur ?

R. H. : mon rôle est avant tout de mettre en place un système de jeu efficace pour gagner les matchs. J’organise les entraînements avec l’aide d’un entraîneur adjoint. Je suis responsable du développement technique et tactique de chaque membre de l’équipe, composée de 32 joueurs. De plus dans le cadre de la promotion du rugby en Normandie, les rugbymen participent aux différents ateliers de rugby avec des personnes en situation de handicap et en milieu scolaire. Il faut donc que j’organise aussi leurs plannings hors du terrain. Je fais plus qu’un entraîneur classique mais j’aime ce que je fais avec le stade rouennais.

Pourquoi avoir choisi la France ?

R. H. : pour y être venu en tant que touriste, j’aime beaucoup la France. En Angleterre, au niveau de la discipline nous sommes très strictes. En France, c’est un peu différent : les Anglais appellent cela le « french flair ». L’enjeu, en signant à Rouen, a été d’associer la discipline anglaise et le « french flair ». J’ai re-signé pour deux ans de plus parce que le projet m’intéresse et que j’aime les challenges. En Angleterre, je suis connu pour redresser le niveau d’un club.

Quel est votre projet avec le stade rouennais ?

R. H. : il y a deux ans, mon objectif c’était de faire monter l’équipe en fédérale 1 – le plus haut niveau amateur. L’autre objectif était de faire la promotion du rugby en Normandie. Les Anglais ont introduit le rugby au Havre – comme le football – mais les nordistes ont préféré le football, puis le rugby est passé par Bordeaux et dans le sud. De plus, la France et l’Angleterre ont un passé commun. Avant, dans le monde du rugby, le club de Rouen était peu connu, maintenant le journal le « Midi Olympique » publie nos résultats depuis peu. Cela fait une bonne presse pour le club mais aussi pour la ville, l’agglomération et la région. Il reste beaucoup à faire pour augmenter le nombre de licenciés, mais les portes s’ouvrent. Cette année, nous commençons des séances d’EPS de rugby en anglais avec le Collège-Lycée Camille St Saëns, en lien avec les professeurs de sport et d’anglais. Nous organisons des tournois de rugby dans les écoles pour faire connaître le rugby.

Pourquoi l’aspect psychologique est aussi important au rugby ?

R. H. : une des premières difficultés au rugby c’est le nombre de personnes à gérer, en moyenne 30

dans une équipe. Il est important que chaque sportif ait des objectifs clairs et précis à l’année et pour chaque match. Cela permet qu’il soit mentalement bien préparé. Dans toute chose, la

clé est la communication. Il faut toujours travailler en équipe et individuellement : qu’il soit sur le terrain ou non, le rugbyman doit sentir qu’il fait partie du groupe. Ces dernières années, nous avons gagné la plupart des matchs ; cette année en fédérale 1, la donne va peut- être changer, nous devons être préparés à perdre un peu plus, tout en restant motivés. Il est très important que l’équipe reste soudée.

En quoi la cohésion d’une équipe est-elle très importante ?

R. H. : au rugby, c’est capital. On le ressent dans les valeurs que véhicule ce sport : le rugby c’est un esprit de partage entre tous et pour tous. On compte à chaque instant sur l’autre sur et hors du terrain. Les athlètes s’impliquent dans la vie du rugby normand. Cette année, quelques-uns de nos joueurs ont travaillé avec le club de Petit couronne – qui est monté aussi – avec l’ASRUC à Mont-Saint-

Aignan et avec le club d’Elbeuf. Quand le temps me le permet, j’assiste aux entraînements du club de Pont-Audemer. Si le club de Rouen veut continuer son ascension, il faut que le niveau des autres clubs puisse aussi s’élever, pour qu’à l’avenir, les éléments performants formés dans ces clubs, intègrent l’équipe rouennaise.

Quelles sont les qualités d’un bon rugbyman ?

R. H. : un bon rugbyman doit aimer progresser et chercher la performance. La motivation est la clé. Lorsque j’étais plus jeune, mon objectif était d’être sélectionné pour jouer dans l’équipe nationale anglaise. Mon entraîneur a su me motiver. Je me suis entrainé dur jusqu’à atteindre mon objectif. Un bon entraîneur doit trouver comment motiver le joueur mais la plus grande part de travail revient au sportif.

Quelles sont les qualités d’un bon rugbyman ?

R. H. : un bon rugbyman doit aimer progresser et chercher la performance. La motivation est la clé. Lorsque j’étais plus jeune, mon objectif était d’être sélectionné pour jouer dans l’équipe nationale anglaise. Mon entraîneur a su me motiver. Je me suis entrainé dur jusqu’à atteindre mon objectif. Un bon entraîneur doit trouver comment motiver le joueur mais la plus grande part de travail revient au sportif.

Durant la saison, à quelle fréquence sont les entraînements ?

R. H. : en général, on s’entraine deux fois par jour avec un jour de repos dans la semaine. Le matin, l’entraînement est réservé à la musculation. Le soir, on privilégie l’entraînement sur le terrain. Quelques-uns de nos rugbymen ne sont pas professionnels et ne peuvent assister qu’aux entraînements le soir, nous tenons à ce qu’ils puissent bénéficier du même entraînement.

Combien de temps l’intersaison dure-t-elle ?

R.H : à haut niveau, l’intersaison dure 4 semaines. À notre échelle, c’est un peu différent : la fin de saison se termine fin mai et la reprise commence en août. Les athlètes ont deux mois pour récupérer. Pour l’entraîneur, les vacances commencent une fois que les recrutements et la préparation de l’après saison sont terminés.

Quelles sont les blessures les plus fréquentes au rugby ?

R. H. : au moment du plaquage, les joueurs plaquent les genoux de leurs adversaires avec le haut du corps notamment avec les épaules. Les blessures les plus fréquentes sont donc au niveau des épaules et des genoux. Les blessures, comme les déchirures musculaires, les entorses au niveau des chevilles, sont également fréquentes. Cette année, nous avons eu un blessé grave qui a subi un plaquage dangereux : il a eu les ligaments croisés et un écrasement du plateau du tibia. Il a été immobilisé pendant 5 mois. Les traumatismes crâniens sont assez rares au rugby.

Avez-vous une équipe médicale qui vous suit lors de vos matchs ?

R. H. : notre staff médical est composé d’un médecin du sport – qui est présent lors des déplacements de l’équipe – de deux chirurgiens dont l’un est spécialisé pour le haut du corps et l’autre est spécialisé pour le bas du corps. Nous avons aussi deux kinésithérapeutes et un ostéopathe biomécanicien. Les athlètes blessés lors d’un match sont pris en charge très rapidement.

En tant qu’entraîneur, comment faites-vous pour prévenir les risques avant les matchs ?

R. H. : lors des entraînements on travaille les techniques pour prévenir les coups et blessures, qui peuvent subvenir si on se place mal dans la mêlée ou si l’on rate son plaquage. Pour chaque mouvement, il y a des exercices spécifiques. Les rugbymen travaillent énormément le gainage, car cela permet d’éviter certains risques. On travaille avec une combinaison qui couvre le haut du corps et les jambes des joueurs, pour que les impacts soient amortis.

La coupe du monde de rugby va bientôt commencer, avez-vous un pronostic à nous donner ?

R. H. : je pense que le match se jouera entre la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre parce que ce sont les meilleures équipes. L’Angleterre a la possibilité de gagner parce qu’elle joue à domicile.

Propos recueillis par Laurianne Bandia



© 2019 Institut Régional de Médecine du Sport et de la Santé - Tous droits réservés