Activité physique et cancer du sein


Activité physique et cancer du sein



En 2012, on recensait 355 000 nouveaux cas de cancer en France (source INVS). Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Chaque année, près de 50 000 femmes sont concernées par cette pathologie et selon certaines études, 1 femme sur 8 développera un cancer du sein avant 75 ans. Depuis une vingtaine d’année, la recherche a permis de mettre en avant les apports de l’activité physique dans le cadre de la prévention primaire comme tertiaire du cancer du sein. Les bénéfices attendus sont désormais bien connus.

 

Être sportif diminue-t-il le risque de développer un cancer ?

La prévention primaire se définit comme l’ensemble des actes visant à diminuer le nombre de nouveaux cas (OMS). Elle fait appel à des mesures préventives collectives ou individuelles. Pratiquer une activité physique diminuerait en moyenne de 25% le risque d’avoir un cancer du sein. Pour cette pathologie, il existe également un effet dose-réponse ; plus il y a d’activité physique pratiquée et plus le risque de développer un cancer du sein est diminué (diminution de 10% supplémentaire si 2h de pratique hebdomadaire supplémentaires) ; ce bénéfice en termes de prévention primaire est surtout observé après la ménopause.

Les sociétés savantes, à travers le PNNS 2011- 2015 (Plan National Nutrition Santé) conseillent de pratiquer au moins l’équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour pour les adultes, à réaliser de préférence par périodes d’au moins 10 minutes.

Quel intérêt à pratiquer une activité physique pour un patient atteint d’un cancer ?

On parle alors de prévention tertiaire dont le but est, une fois la pathologie installée, de limiter le développement de la maladie et de ses complications.

Plusieurs études portant sur des femmes ayant un cancer du sein ont montré qu’une activité physique régulière, équivalente à 3 heures de marche par semaine, permet une diminution du risque de décès par cancer de l’ordre de 50%.

En plus de la diminution de ce risque, il y a un intérêt majeur pour les patientes avec la prise en charge de quelques symptômes. Si le plus marquant est la fatigue, l’activité physique permettra également de diminuer le stress ou l’anxiété, voire la dépression, d’améliorer l’appétit, le sommeil, de favoriser une perte de poids (masse grasse), et de redonner confiance en ses capacités, le tout participant à une amélioration globale de la qualité de vie.

La fatigue

Il s’agit du plus commun des symptômes ressentis par les patients atteints de cancer. Selon les traitements reçus (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), cette fatigue concerne jusqu’à 60 à 95% des patients et altère significativement leur qualité de vie. À 10 ans du diagnostic, cette fatigue touche encore 25 à 30 % des sujets. Ce symptôme, induit par la maladie et les traitements, est perçu comme une fatigue profonde, physique et psychique, qui peut parfois devenir un réel handicap. Sur ce symptôme, le repos et les médicaments n’ont pas de réel bénéfice, et seule l’activité physique a fait preuve d’une efficacité significative et durable.

Quelle activité physique ?

Les recommandations internationales préconisent, en prévention primaire comme tertiaire, la réalisation de 150 minutes hebdomadaires d’activité physique en endurance, d’intensité modérée ou vigoureuse, ainsi que deux séances de renforcement musculaire. Afin d’être à la fois progressif et personnalisé, ce dernier type d’exercice doit être introduit et surveillé, au moins dans un premier temps, par du personnel formé, et suivi par des exercices d’assouplissements afin de ne pas induire de pathologie ostéo-articulaire. L’ensemble de ces activités doivent être mises en place dès que possible après le diagnostic de cancer, et ensuite adaptées à la phase du traitement ainsi qu’aux symptômes.

La prescription d’activité physique en cas de cancer du sein : quand, comment et par qui ?

Cette prescription se fait lors d’une consultation avec un médecin du sport, au cours de laquelle les patientes sont sensibilisées à l’intérêt de pratiquer régulièrement une activité physique. Cette consultation est aussi l’occasion de faire un point sur le niveau de pratique sportive des patientes. L’examen clinique, réalisé par le médecin, permet d’identifier certaines précautions à prendre. À l’issue de cette consultation, le médecin rédige un certificat médical de non contre indication à la réalisation de l’activité physique, avec si besoin des propositions d’adaptation de pratique. Les patientes sont ensuite orientées vers une pratique sportive en fonction de leurs goûts, de leur état de forme et de leur localisation géographique. Le médecin peut, si besoin, proposer aux patientes une étape basée sur une activité physique adaptée, encadrée par un intervenant sportif sensibilisé à cette pathologie.

Qu’est-ce que l’Activité Physique Adaptée (APA) et où peut-on la pratiquer ?

Il s’agit d’une adaptation des exercices proposés et des objectifs attendus en fonction des conditions médicales, prenant en compte tout particulièrement les conséquences (physiques-psychologiques) du cancer et de ses traitements. L’encadrement de ces séances est réalisé par des intervenants formés. Ce programme relativement court (10 séances reparties sur 5 semaines) a pour objectifs de redonner confiance en soi, d’augmenter l’intérêt pour l’activité physique et d’améliorer le niveau de condition physique. Ces séances d’APA permettent d’orienter un public fragilisé vers une poursuite durable et pérenne de l’activité en association sportive ou en autonomie.

En Conclusion…

Le sport pourrait être vu comme un ‘médicament’ dans la prise en charge du cancer du sein. La pratique régulière d’une activité physique pendant et après traitement permet d’améliorer différents symptômes tels que l’anxiété, la fatigue et la dépression.

Elle a également un impact sur la rechute et le risque de deuxième cancer.

En Normandie, un programme court d’activité physique adaptée permet aux patientes ayant été opérées d’un cancer du sein d’évoluer vers une pratique sportive autonome ou en clubs. Aujourd’hui, de plus en plus de clubs et de fédérations développent l’accueil de ce nouveau public fragilisé. Ainsi les initiatives dans ce sens devraient se multiplier dans les années à venir.

Dr Jérémie Bertin & Dr Mehdi Roudesli

Médecins du Sport IRMS²



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